Pourquoi JASS ?

Pourquoi JASS ?
Le JAZZ a dans les veines du sang africain, c'est certain - jaja signifie "danser", jasi "être excité"- ; mais peut-
être aussi une racine enfouie, d'origine indonésienne -"jaiza" faisant écho aux sons des percussions. En français dirions-nous : "cela va faire jaser", parler ? Le 2 avril 1912, le Los Angeles Time évoque la jazz ball irrécupérable du lanceur Ben Henderson. Dérivé de l'argot, le mot jizz, renvoie à l'énergie, au courage et à la vigueur sexuelle. Le jasz a également l'odeur entêtante du JASMin, des parfumeries françaises de New-Orleans. A moins que l'étymologie du mot ne vienne de JASper, danseur esclave des années 1820, d'une plantation louisianaise ? Ou JASbo Brown, musicien itinérant et joueur de blues avant-gardiste de la fin du XIXe siècle ? Musique interdite, jouée dans les bordels, ce langage d'origine black american établit le lien indivisible entre le corps et l'esprit. Par la perpétuelle énergie de son discours, il puise dans l'Instant la force d'enrichir son long parcours, toujours bien vivant. J-ASS donne la fièvre et guérit ! Essayez-voir.

jeudi 29 septembre 2011

Route vers l'E.S.T. Esbjörn, pianiste perdu du grand Nord.

La mélancolie n'est que de la ferveur retombée.
André Gide.

Archipel de Stockholm – 14 juin 2008.

Obnubilante et glaciale, l’atmosphère contemplative d'un groupe à la dérive, sur les eaux de la modernité, déverse la bande son des profondeurs sous-marines ; le groove de l'absence improvisée et ce jazz en remous – sonar électrique, ancrage classique – sur la bicoque à la proue sauvage. Qu'elle soit mystique ou fantasmagorique, la musique d'Esbjörn Svensson Trio est alimentée par une sensibilité qui trébuche. Tout finira dans l'implacable lyrisme du naufrage... Ce jour de juin, Esbjörn s'est livré au spleen de l'Océan. Il s'est abandonné dans l'exploration du monde, dans ses rares espaces insondés. Serti d'un minimalisme pudique, parfois défaillant, il se dévoile en sa personne l'expression d'une complainte des sens, submergée de lumière.

Dans la peau D' E.S.

La tragédie de l'histoire s'écrit dans le désordre du présent, une Leçon de piano se finissant. Comme Ada, un bout noué à ma cheville me reliait, musicien cavaleur, à mon beau clavier muselé. En l'offrant à l'océan, je me livrais en même temps – d'un excès d'abandon inconscient – aux titanesques éléments.

En attendant le soleil, j'ai couru vers l'Eden, entre le rivage et ce coin de liberté que j'abordais parfois, souvent, l'oxygène en sac à dos. Mon inaccessible muse colorée, tout droit venue des profondeurs, tu te déverses sur les rouages opaques de l'océan, ses incroyables courbures bleutées.

" Quand la musique est passée, éteignez les lumières...", qu'elle demeure intacte ; le frais miracle de la surprise, de l'écho, puis de la trace parsemée sur les sens.

Tout va bien. J'entends les sirènes attractives. Est-ce une vision ? Leur chant sinueux m'emmène ; bien trop loin peut-être. Je sombre dans le sonore, cette tumultueuse emprise musicale, à l'intérieur. Inspiré des abysses enchantés, dirigeant depuis toujours ma longue quête du son, j'atteignais ici sa plus ultime perfection. Le coeur des profondeurs.


Adieu mes amis d'enfance. Magnus et Dan adieu. Notre cacophonique sérénade, de tout mon être, encore m'éblouit. Ça cognait faussement juste. Les rotatives épurées de vos instruments me donnaient l'espace idéal et juste. Celui dont j'avais besoin pour créer. Je me reposais dessus vous pour m'évader, exprimer mon lyrisme déchiré et m’enduire de bruits charnels. Vous, toujours à mes côtés, me dictant le swing de mes folies, l'arpège de mes envies.
 A l'archet, les cordes de ton violoncelle, Dan, ont l'échos de lamentations désespérés, l'élégante sérénade d'une baleine bleue envolée... Quant à toi Magnus, mon vieux compagnon, je suis inlassablement possédé par tes virevoltants coups de balais métalliques, plus glacials que la banquise polaire, plus rapide qu'une syncope de nerfs. Vous me rappelez, toujours, une cadence d'humanité pressée. Aujourd'hui installé dans ma contemplative bulle de sérénité, votre sinueuse rumeur en vient à me manquer.


Notre musique s'intégrait si bien aux images. Le pur silence de l'océan. L'abstraction de la mesure. Je suis là, gisant, sur le plancher océanique, l'esprit haut. Au ciel me parviennent les chants migratoires des oiseaux en feu, attractifs et sombres. Mon esprit en cavale entend des formes que mes doigts filtrent, et distillent en nectar de jouvence. Chercher, puis trouver, avec des instruments encordés, l'essence d'une émotion actuelle. L'expérimentation. Dans cette fraction de temps où la vie défile, je revois, chavirant, la brèche des origines. Västeras ma suave Suède, Monk mon amour d'Amérique...

Et ma folle frayeur du givre, moi l'inuit d'une musique noire. Des ruisseaux d'influences cheminent, leurs cristaux de pluie délicatement accrochés aux turpitudes du temps. Ils sont plus blanches que croches, en accords parfaits majeurs éclaboussent l'obscure clarté du dehors. Je vous assure, je les entends ces notes, mes amis. Un défilement de courants marins, contradictoires comme la géométrie de l'Homme, me font grelotter puis, dans un long frisson, m'accordent – harmonieusement – cette implacable bouillonnement du corps. Comme si la beauté, elle aussi, se méritait.

Désormais je plonge en immersion et vole amoureux ; de cette nouvelle substance harmonieuse, à la fois liquide et sucrée, de cette belle grappe muscat encore sur pied. Dans ma folle quête du sous-marinier, j'égrène une espèce de mélodie sans mots. Je me baigne ainsi dans d'inexplorables tréfonds de corail, ciselés comme des moulures baroques. J'entrevois des cristaux de Bach et comprend un peu mieux l'élégance du grand Duke...
Mon piano absent tisse le filin frileux d'une féminité divine. Imaginaire, cette sirène aquarius n'en finit pas de m'émerveiller.

La recherche de sens persistante est une regrettable disposition de l'esprit. "On va toujours vers les bonnes choses pour de mauvaises raisons" disait Paul Valéry. Alors, mieux vaut ne pas chercher à savoir pourquoi je suis ainsi parti.

Adieu.















Discographie


When everyone has gone, 1993
Mr & Mrs Handkerchief, 1995
Winter in Venice, 1997
EST plays Monk, 1998
From Gagarins point of view, 1999
Good morning Susie Soho, 2000
Strange place for snow, 2002
Seven days of falling, 2003
Live in Stockholm, (DVD) 2003
Viaticum, 2005
Live in Berlin, 2005
Tuesday wonderland, 2006
Live in Hamburg, 2007
Leucocyte, 2008

lundi 19 septembre 2011

Film séance : SPIRAL - 2007.

RÉALISATION : Adam Green et Joel Moore.
SCÉNARIO : Joel Moore et Jeremy Danial Boreing.
AVEC : Joel Moore, Amber Tamblyn, Zachary Levi, Tricia Helfer et Annie Neal.

Un télévendeur, reclus dans sa bulle hallucinée, a un seul semblant d'ami : son patron, aux antipodes de lui. Une nouvelle lueur frappe Mason quand il rencontre Amber. Le peintre retrouve l'inspiration réouvrant la ténébreuse porte du passé. La création et son halo de destruction insufflent des sentiments profonds, dans le suspense d'une danse amoureuse marginale et métaphysique... chaotique, mystérieuse et dévorante comme un concert des grands soirs.



Avant tout, il y a LE CONTRASTE.
LA NUANCE. Et UNE PORTE anonyme. La lumière opaque de Portland l'automne. La solitude qui prend la pause. Le noir et le rouge, l'un dans l'autre ; l'un qui rêve, l'autre qui vit. Le téléphone.
Il y a du HITCHCOCK. Nous sommes des spectateurs manipulés. Et du JAZZ. Notre propre part de création est sollicitée.
Fluo against gouache ; un placard plein DE CROQUIS.
Autour : LA FOLIE. Le courant. Un CHAO romantique.
Dedans : Des règles. Le fort. Le faible. Cette ligne de vie.
Et puis, il y a la pause déjeuner. Le travail. La famille et Miles. Ce magazin de VINYLES : tout l'art de la musique noire. La sonnerie. Un homeless sax alto chevauche les SENS.
Il y a un tube de VENTOLINE. Une énigme. L'intime. Un modèle sur un tréteau.
Il y a enfin les turpitudes sonores de Todd caldwell. Sa musique de partout imprégnée, comme un filtre sur l'oculaire. Coltrane's Sounds, Ascension, Love Supreme, aussi.
LA TENSION de l'horreur suggérée. Le rejet. La palette et le verre d'eau.
Avant tout, il y a LE CONTRASTE.


    • J'ai du mal à entrer dedans, je t'avoue.

    • Et bien tant mieux. C'est justement ça l'histoire. Le jazz s'en fiche d'être accessible. Il n'accepte pas tout le monde. Pas tout de suite. Il n'est pas politiquement correct. Seuls les plus grands musiciens peuvent le jouer. Des maîtres. Dévoués corps et âme à l'étude et à la théorie de la musique ; aux règles. Et ces géants se rassemblent, le temps d'une session, pour justement briser ces règles qu'ils estiment si intimement. C'est décadent et charnel ; tout à la fois...

    • Mason. Je crois que le plus grand nombre de mots que tu m'ais dit d'une seule traite. Je n'en reviens pas.

    • J'aime le jazz...

    • Et moi le café.    

(à Louison...)


LE FILM EN INTÉGRALITÉ.

vendredi 16 septembre 2011

Le ravissement de LONNIE L. SMITH et ses Cosmic Echoes.

Lonnie's Lament.



Invitation à la méditation tropicante, en chute libre, aux roucoulements fiévreux d'une sieste estivale, à l'harmonie des sens, jusqu'au frisson, caressés d'un revers de vent. En son épiderme salé, la musique de Lonnie déverse ses vaporeuses lamentations sucrées. Elles sont mélancoliques et solitaires ; tristes jamais. Elles se répandent dans les interstices, envahissent suavement les murs de béton craquelés et chantent, comme des lierres vivaces, en déversant leurs moussons rainbow. Cavalent, en cascade, catapultent leur crinière de cobalt carmin.

Psychédélique, son jeu en grande nappes sonores, étendues fraîchement sur l'herbe, à l'horizon, sert le ressentie avant la prouesse. L'élégance de la rondeur, des respirations, est au service seul de l'émotion, ternaire et obnubilante. Ciselé au millimètre, son indéfectible goût de l'arrangement fera de Lonnie l'icône cachée des seventies.


Camarade de classe de Gary Bartz, il commence sa carrière dans la région de Baltimore, encore jeune adolescent, aux côtés de Betty Carter ainsi que des Supremes. Puis, il intègre, au début des années 60, l'illustre band des Jazz messengers d'Art Blakey. Max Roach et Rahsaan Roland Kirk seront également parmi ses premiers compagnons de jeu.
En 1968, sa carrière bascule lorsque Pharoah Sanders le demande pour ses premiers enregistrements solos. A ses côtés, Lonnie Liston Smith fera l'initiation d'un nouveau son, lui permettant de graver les plus belles pages musicales du mystique saxophoniste, encore tout envoûté d'une intense aura coltranienne (Thembi, Karma, Creator has a master plan, Summun, Upper Egypt...).


Un paysage harmonisé d'émotions purement sensorielles, aussi désertiques qu'amazoniennes. Le chant mélodique, fluide et mystérieux sert toujours l'osmose du climat. Inspiré d'un noir anthracite à la mode Soulage – un échantillon de couleurs dégradées – nous entendons, selon nos (dis)positions, ébène ou vermeille. Le mot "fusion" rencontre ici son sens premier. Kaléidoscopique, l'émotion dérive sur le cours d'eau sauvage ; tantôt en cascades tantôt en touches d'huiles paisibles. Un bourgeonnement incandescent filtre, par delà nos beaux tympans, l'éclosion solaire. En dedans ; il se cristallise des rayons de miel bruyère, quelques chants volatiles en réflexion, un mélodieux carambolage de pétales rosés.

Love is the answer. En balançoire, son style singulier, vif et profond, syncrétise l'ensemble des musiques afro-américaines depuis le blues rural jusqu'à sa soul primitive, puis son funk électrifié. Maestro du vide, équilibre Lonnie nous (pro)mènent à la concentration qui provoque l'oublie. Ce dont on ne se souvient pas révèle, parfois, ce qu'on ne peut oublier... Quand d'autres en étaient au Black Power, lui, sa musique ne protestait pas, ne levait pas du poing. Elle évoquait simplement le monde. Nous rappelait son originelle beauté.


Début 70, Miles Davis vient le chercher pour jouer sur On The Corner et Big Fun, certainement l'un des plus étonnants virages de sa carrière. « C'était la première fois que j'ai jamais vu un tel instrument », a déclaré Lonnie, « Ce Fender Rhodes était intimidant. Puis Miles m'a donné deux nuits à apprendre comment faire de la musique sur "la chose". Miles aimait introduire de nouveaux sons, d'une façon toujours surprenante. Voilà comment il a produit l'innovation d'une musique fraîche et libre ».

Nouvelle envolée pour Lonnie qui enregistre, dans la foulée, avec Gato Barbieri, Fenix et Under Fire sur le label Flying Dutchman de Bob Thiele. A cette occasion, il se produit avec Ron Carter, Stanley Clarke, Airto Moreira, Nana Vasconcelos, Bernard Purdie et John Abercrombie.

Ainsi, Bob Thiele lui offre en 1973 sa première opportunité d’album solo : il forme alors les Cosmic Echoes avec son frère, le chanteur Donald Smith. Il enregistre Astral Travelling (titre qu’il avait précedemment écrit avec Pharoah Sanders). Parmi ses musiciens, on retrouve James Mtume, Cecil Mc Bee et Joe Beck.

En 1975, Expansions propulse l'univers de Lonnie Liston dans un impressionisme smoothie tinté de voodooisme afro. Subtile mélange de jazz et de classissisme européen ; de paisibles promenades, ici -là, cadencées de pulpeux groove girons.
"Le reflet d'un rêve en or" pétille à la tête et s'évapore, tout doucement, dans une langoureuse aspiration. Son piano cristallin diffuse le champagne de l'ivresse ; laisse une trace opaque sur le regard lydien et ses inhabituelles perceptions stellaires.

L'harmonie des planeurs, les ailes libres sans moteur, épouse le vent, le tempo mesuré de ses courbures, espièglement démêlées. Le temps du spasme avant le fade, en élévation, notre esprit tourbillonne et s'oublie. Cyclone pacifique, dans les cheveux longs enrubannées : manque pas d'air ! Le sentiment libéré de pouvoir chevaucher dans toutes les directions, au galop dans sa tête.

Lyrisme exacerbé, brillance des cuivres méditatifs, cornes d'abondance au souffle long, les énigmatiques colorations électriques, entendues sur la musique de Lonnie, définissent le son d'une époque. Astrale transformation, le Fender Rhodes nappe de dentelles brodées le défilé exotique d'un saxo débridé, à feu et à sang.


Ce paysage, comme une fresque naturaliste – un sinueux labyrinthe cérébral – a une fin dicté par l'horizon. Ses bordures posent le cadre d'une oeuvre aux mensurations démesurées ; pourtant presque vide à l' intérieur. Les quelques touches de couleurs sont si précisément disposées qu'un seul élément ajouté donnerait une impression de trop.












samedi 3 septembre 2011

WAITING FOR THE NEW TOM WAITS.

Surprenante écoute privée du prochain opus : BAD AS ME.


Le site officiel de Tom Waits annonçait, la semaine passée, la sortie d'un nouvel album, prévue le 25 octobre 2011, sur le label ANTI.
Sept ans après REAL GONE, la créativité en poupe, le sexagénaire projette sa frénétique marginalité.

Concocté avec une équipe de vétéran, Bad as Me n'a aucunement la consistance d'une formule prémâchée. Thomas Alan Waits fignole l'identité d'un concept musicale qui - aujourd'hui encore - caractérise sa forte personnalité.

Sans rétroviseur, il arpente au piolet treize nouvelles pistes, décomposées en de sinueux paysages, tous aussi arides que pures. Trouvant la fibre d'un renouvellement inspiré, il se laisse dicter par son "orchestre à décharges" et tire le fantasque portrait d'une nouvelle ère d'obnubilations et d'introspections.

Pour faire connaître son atelier d'expérimentations, Tom Waits choisit l'image du minimalisme. Dans une combinaison d'humour charismatique et de tendresse écorchée, l'artiste utilise aujourd'hui les nouvelles technologies pour lancer la promotion de son dernier opus.

Action !



Dans le fond : une cadence folle d'usine metallurgique. La sueur des Temps modernes. Cette courroie bruissante qui se courrouce. En soupape, elle incante des vapeurs de presses carrossées.
pchhhhhh - clang !


Puis, un aboiement. On décèle enfin le vivant, l'humain, perdu dans une jungle d'échafauds. Loufoque, pas seulement, ce type est louche. Les stigmates de ses excès scotchent sur sa voix métal de délicates soudures sentimentales. D'étain, surmontée de rocaille, la bouche de Tom définit théâtralement une personnalité trempée... Couverte d'acier, cette mélodieuse cicatrice s'est longuement affûtée au chêne blanc, avant de généreusement s'enrober d'une large et odorante feuille de tabac celtique.

Sa voix carafée surprend. Dans l'originalité du timbre qu'elle diffuse, dans son obscénité voilée. Sa voix c'est son instrument. Elle module avec le texte et s'empare des histoires comme un caméléon des couleurs. On y entend des souffleurs cuivrés, d'odieux raillements syncopés ; du vieux bugle cabossé, de la farce à la méchanceté. Des relents mégaphoniques de braillards s'abandonnent, électriques, dans l'old blues river. Il y a le feu dans la grosse malle de souvenirs en papier.

Expérience de la sensation, de curieux bruits de bouche rauques, des cris des pleurs, des gémissements et d'autres respirations sifflantes se mélangent aux rythmiques tribales d'une ancienne industrie. Celle du coeur, de la vie. Alors que l'hélicon vibre gravement sur mes pavillons, pour la première fois seulement, je pense – sans motif – à l'inexorable blues constipé de Screemin Jay Hawkins... Everything's gonna be alright ! [flush].

L'identité de Bad as Me naît du syncrétisme de multiples influences. Dans l'évolution de son parcours, toujours, nous retrouvons la constance d'un climat condensé, à la fois de jazz et de bluegrass, de vaudeville et de punk, de blues et de poésie. Comme un vieux cuir tanné qui révèle l'éclat patiné du temps, Waits, " portraitiste du bizarre ", nous balance des traits d'humanités cassées, qu'on ne souhaiterait d'aucune façon recoller. Braillarde caresse, violente douceur, nous oscillons au mercure de ses sentiments exacerbés. Le romantisme déglingué, dans lequel se reflète sa miteuse image, provoque une émotion brute qui – sans préparation – remue. Tout aussi mordante que séduisante, elle révèle les tracas d'un pantin de nuit, sur une nacelle, très haut perché.

Et si tout cela n'était finalement que du bon cinéma ?


Treize titres au compteur (plus trois bonus en édition deluxe) dont la titubante chanson éponyme : Bad as Me, la noctilienne, incarne la grandiloquence déjantée, les tanniques envolées d'un maître de l'underground generation.




01. Chicago
02. Raised Right Men
03. Talking At The Same Time
04. Get Lost
05. Face To The Highway
06. Pay Me
07. Back In The Crowd
08. Bad As Me
09. Kiss Me
10. Satisfied
11. Last Leaf
12. Hell Broke Luce
13. New Year’s Eve
14. She Stole The Blush (Bonus)
15. Tell Me (Bonus)
16. After You Die (Bonus)