Pourquoi JASS ?

Pourquoi JASS ?
Le JAZZ a dans les veines du sang africain, c'est certain - jaja signifie "danser", jasi "être excité"- ; mais peut-
être aussi une racine enfouie, d'origine indonésienne -"jaiza" faisant écho aux sons des percussions. En français dirions-nous : "cela va faire jaser", parler ? Le 2 avril 1912, le Los Angeles Time évoque la jazz ball irrécupérable du lanceur Ben Henderson. Dérivé de l'argot, le mot jizz, renvoie à l'énergie, au courage et à la vigueur sexuelle. Le jasz a également l'odeur entêtante du JASMin, des parfumeries françaises de New-Orleans. A moins que l'étymologie du mot ne vienne de JASper, danseur esclave des années 1820, d'une plantation louisianaise ? Ou JASbo Brown, musicien itinérant et joueur de blues avant-gardiste de la fin du XIXe siècle ? Musique interdite, jouée dans les bordels, ce langage d'origine black american établit le lien indivisible entre le corps et l'esprit. Par la perpétuelle énergie de son discours, il puise dans l'Instant la force d'enrichir son long parcours, toujours bien vivant. J-ASS donne la fièvre et guérit ! Essayez-voir.

samedi 3 septembre 2011

WAITING FOR THE NEW TOM WAITS.

Surprenante écoute privée du prochain opus : BAD AS ME.


Le site officiel de Tom Waits annonçait, la semaine passée, la sortie d'un nouvel album, prévue le 25 octobre 2011, sur le label ANTI.
Sept ans après REAL GONE, la créativité en poupe, le sexagénaire projette sa frénétique marginalité.

Concocté avec une équipe de vétéran, Bad as Me n'a aucunement la consistance d'une formule prémâchée. Thomas Alan Waits fignole l'identité d'un concept musicale qui - aujourd'hui encore - caractérise sa forte personnalité.

Sans rétroviseur, il arpente au piolet treize nouvelles pistes, décomposées en de sinueux paysages, tous aussi arides que pures. Trouvant la fibre d'un renouvellement inspiré, il se laisse dicter par son "orchestre à décharges" et tire le fantasque portrait d'une nouvelle ère d'obnubilations et d'introspections.

Pour faire connaître son atelier d'expérimentations, Tom Waits choisit l'image du minimalisme. Dans une combinaison d'humour charismatique et de tendresse écorchée, l'artiste utilise aujourd'hui les nouvelles technologies pour lancer la promotion de son dernier opus.

Action !



Dans le fond : une cadence folle d'usine metallurgique. La sueur des Temps modernes. Cette courroie bruissante qui se courrouce. En soupape, elle incante des vapeurs de presses carrossées.
pchhhhhh - clang !


Puis, un aboiement. On décèle enfin le vivant, l'humain, perdu dans une jungle d'échafauds. Loufoque, pas seulement, ce type est louche. Les stigmates de ses excès scotchent sur sa voix métal de délicates soudures sentimentales. D'étain, surmontée de rocaille, la bouche de Tom définit théâtralement une personnalité trempée... Couverte d'acier, cette mélodieuse cicatrice s'est longuement affûtée au chêne blanc, avant de généreusement s'enrober d'une large et odorante feuille de tabac celtique.

Sa voix carafée surprend. Dans l'originalité du timbre qu'elle diffuse, dans son obscénité voilée. Sa voix c'est son instrument. Elle module avec le texte et s'empare des histoires comme un caméléon des couleurs. On y entend des souffleurs cuivrés, d'odieux raillements syncopés ; du vieux bugle cabossé, de la farce à la méchanceté. Des relents mégaphoniques de braillards s'abandonnent, électriques, dans l'old blues river. Il y a le feu dans la grosse malle de souvenirs en papier.

Expérience de la sensation, de curieux bruits de bouche rauques, des cris des pleurs, des gémissements et d'autres respirations sifflantes se mélangent aux rythmiques tribales d'une ancienne industrie. Celle du coeur, de la vie. Alors que l'hélicon vibre gravement sur mes pavillons, pour la première fois seulement, je pense – sans motif – à l'inexorable blues constipé de Screemin Jay Hawkins... Everything's gonna be alright ! [flush].

L'identité de Bad as Me naît du syncrétisme de multiples influences. Dans l'évolution de son parcours, toujours, nous retrouvons la constance d'un climat condensé, à la fois de jazz et de bluegrass, de vaudeville et de punk, de blues et de poésie. Comme un vieux cuir tanné qui révèle l'éclat patiné du temps, Waits, " portraitiste du bizarre ", nous balance des traits d'humanités cassées, qu'on ne souhaiterait d'aucune façon recoller. Braillarde caresse, violente douceur, nous oscillons au mercure de ses sentiments exacerbés. Le romantisme déglingué, dans lequel se reflète sa miteuse image, provoque une émotion brute qui – sans préparation – remue. Tout aussi mordante que séduisante, elle révèle les tracas d'un pantin de nuit, sur une nacelle, très haut perché.

Et si tout cela n'était finalement que du bon cinéma ?


Treize titres au compteur (plus trois bonus en édition deluxe) dont la titubante chanson éponyme : Bad as Me, la noctilienne, incarne la grandiloquence déjantée, les tanniques envolées d'un maître de l'underground generation.




01. Chicago
02. Raised Right Men
03. Talking At The Same Time
04. Get Lost
05. Face To The Highway
06. Pay Me
07. Back In The Crowd
08. Bad As Me
09. Kiss Me
10. Satisfied
11. Last Leaf
12. Hell Broke Luce
13. New Year’s Eve
14. She Stole The Blush (Bonus)
15. Tell Me (Bonus)
16. After You Die (Bonus)


4 commentaires:

  1. Apres 30 ans ca voix me surprends encore
    Je reviendrais sur ton blog
    Bon bog
    De Voiron

    RépondreSupprimer
  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

    RépondreSupprimer
  3. Blue Valentine et Foreign Affairs sont toujours dans ma valise avant un voyage. Swordfishtrombones et Invitation to the blues titillent souvent mon vieux saxo. Franks Wild Years a irréversiblement la tronche d'Harvey Keitel dans Smoke... alors que The heart of saturday night avait fait les présentations. Dès lors, sa voix ne m'a plus quitté.

    RépondreSupprimer
  4. Blue Valentine pour parcourir toutes les routes, je vais acheter ce nouvel album, merci pour l' info.

    RépondreSupprimer