En trompinette Majeur, Boris Vian est célébré, jusqu'au 15 janvier 2012, à la B.N.F.
Cinquante deux ans après sa mort, le Paris littéraire rend hommage à l'éternelle jeunesse d'une personnalité hors du commun qui fit de l'écriture la musique de son existence. De St-Germain-des-Prés au Collège de Pataphysique, des clubs de jazz aux scènes de théâtre, nous voici conviés à plonger au cœur d’une œuvre riche et atypique, où verve et fantaisie se disputent la gravité d'une identité hallucinée. Certains le connaissent pour les mots, d'autres pour les choses. Les images qu'il en a. On le suit en sifflotant... Bon Vian Boris !
Avec cet homme-là, il faudrait presque rejouer l'histoire à l'envers. Reconnaître le poids de la postérité dans la trop tardive réévaluation d'une œuvre qui demeure aussi vibrante aujourd'hui qu'à l'heure de sa conception. Depuis la mort précoce de Boris, en 1959, le temps n'a cessé de jouer en sa faveur... comme s'il prenait de la bouteille, même vide.
L'an passé, la prestigieuse Pléiade accueillait ses œuvres romanesques complètes, en deux volumes. Un aussi joli - que tardif - pied-de-nez à l'institution littéraire, qui a toujours été mal à l'aise, voir assassine, avec cet insaisissable trublion, jongleur de néologismes fichtrement mélodiques.
Montrer Vian, le visionnaire, dans sa vivacité expiatoire, réparant le crime de sa modestie. L'agencement, à la fois chronologique et thématique, permet d'aborder le legs artistique du personnage par plusieurs entrées : le roman, la chanson, le jazz.De nombreux documents illustrent ce foisonnement créatif, compulsif et entier. Films familiaux, romans, partitions de chansons populaires, pastiches de polars, articles de presse, livrets d'opéra, critique Hot Jazz…
Boris Vian n'établissait pas de hiérarchie entre l' "art respectable" et l'expression populaire. C'est sans doute cela qui l'avait rendu scandaleusement inclassable de son vivant, et qui lui permet aujourd'hui de le demeurer.
" La chanson, disons-le tout de suite, n'a rien d'un genre mineure. Le mineur ne chante pas en travaillant , et Walt Disney l'a bien compris, qui faisait siffler ses nains. Le mineur souffle..."
Boris Vian, En avant la zizique, andante pataphysicoso, p.10.
Le parcours fait pédagogiquement la part belle aux manuscrits, bien sûr, mais aussi à des facettes moins connues de l'artiste improviste. La peinture, notamment. Pour la première fois, les six tableaux peints par Vian en 1946 – dont quatre signés "Bison" – sont exposés. Comme quand il parlait de jazz, sous les sobriquets Michel Delaroche ou Otto Link, et quand il écrivait dans la peau de Vernon Sullivan, Boris empruntait toujours les pseudonymes rieurs de l'anonymat.
Et puis, il y a son quotidien de musicien. Son ancrage à l'hexagone chantant. Ses nuits aux clubs, rive gauche. Ses malles d’objets fantasques. L'étui à trompette qu'il s'était fabriqué dans les années 1930. Il y a la tenue qu'il portait sur scène lors de sa série de concerts de 1955-1956.
C'est cet équilibre entre les disciplines qui marque la réussite de l'accrochage. Le parcours d'un déserteur qui disait vouloir "une vie en forme d'arrête". La plume Boris sonne en écho à des notes intimes, fort nombreuses qui, comme leur auteur, doutent.
Après une série de célébrations ayant marqué le cinquantenaire de sa mort en 2009, on annonce la sortie, au printemps prochain, de l'adaptation de L'Écume des jours par le cinéaste Michel Gondry ; avec Audrey Tautou, Léa Seydoux, Romain Duris et Gad Elmaleh.
Exposition
18 octobre 2011 I 15 janvier 2012
mardi 8 novembre 201118h30-20h00
Lectures et chansons avec le Tentette de Claude Abadie, Nicole Croisille etCarmen Maria Vega.
BnF I François-Mitterrand
Quai François-Mauriac, Paris XIIIe
Galerie François Ier