Une dynamite 100% black !
C'était déjà tellement vieillot quand c'est sorti, que ça n'a pas prit une ride... à dire vrai, ça aurait presque rajeuni. Aujourd'hui source d'inspiration pour le cinéma de Tarantino ou de Spike Lee ; influence majeure du hip hop ; du graphisme ; des représentations de l'homme noir dans la société moderne ; c'est un fait : la BlaXploitation – contraction de black et d’exploitation – est trop touchante pour qu'on puisse en dire du mal. Je commencerais par cela, en essayant de vous transmettre la tonalité rythmée de son message, à la fois grotesque, divertissant et émouvant.
Tout en m'engouffrant une bonne poignée de série B. à la sauce black américaine, je jubilais de cette audacieuse supercherie et me demandais comment j'aurais pu réagir à l'époque. Aurais-je été séduit par ce style explosif et populaire, cette vigueur à contre-courant, par ces furieuses bandes sonores fondues sur images – aussi suaves que dansantes, amplifiées de bric et de broc, cette parodie du cinéma holywoodien... ?
La petite histoire de ce mouvement socio-culturel s'inscrit dans la grande : celle des Etats-Unis du début des années 70, celle du cinéma indépendant, celle d'une nouvelle communauté afro-américaine, une jeunesse vengeresse s'emparant des rues, black & proud comme le chantait déjà James en 1969.
Pour le spitch, ce sera simple. Déjà, nos super héros n'auront rien à envier aux votre. Ce seront des Clark Kent et des James Bond en puissance (et en mieux !). Nos justiciers auront la classe et le bagou de cette époque : un grand coup de balais sur l'avenir prédit !
Mais, le black hero parle différemment ; sa virilité est noire de toute façon. Il y a, non seulement, les prouesses sexuelles et les gros calibres qui pétardent, mais en plus, et de partout, ce sous-entendu obnubilant : Tout ce que vous faites, nous savons le faire (et en mieux !). Que ce soit pour les films policiers ou les enquêtes de détectives privés (trilogie des Shaft), pour le cinéma d'horreur (Blacula, Le vampire noir, Abby), les arts martiaux (Black belt Jones), le péplum (The arena) ; pour le western (Boss nigger), l'espionnage (Cleopatra Jones), le film politique engagé (The spook who sat by the door), le comique ou la parodie (Uptown Saturday Night). Ce cinéma correspond à une esthétique qui, en empruntant des codes identitaires forts, amorce le concept d'une nouvelle époque, d'une autre culture, d'une société émancipée.
Certes, le scénario du film est secondaire, voir anecdotique. Et alors ? Vous n'avez pas le monopole des navets ! Et si les votre sont emprunts de puritanisme, les notre seront savamment cra-cra. Nous revendiquons notre langage châtié et nos attributs démesurés. De toute façon ce n'est pas ça la vraie question. Qu'est ce que nos frères noirs-américains ont envie de voir ? Du changement ? De l'entertainment ? Des belles poursuites en voitures débridées ? Des frères avec de l'oseille ? Faudra vous habituer. Au moins, dans nos histoires, les braquages on les réussit !
Bien sur, vous pourrez vous rincer l'oeil. Nous avons fait venir les plus belles femmes du Bronx (celles que vous n'aurez jamais d'ailleurs). Bref, vous allez voir la vie de nos rues, notre soul kitchen, tout cela, que vous ne connaissez pas encore, notre quotidien (et en mieux !)
De toute façon, nous n'avons pour modeste prétention que le désir de divertir notre communauté, trouver le bon rythme et, je l'espère, les dégainer de leurs sombres pensées.
Il y en aura des comme vous, des comme nous, des flics et des voyous, quelques hommes blancs, bedonnants et corrompus, bien sur des frères noirs, sapés comme Sly et sa famille de Stones. Encore plus charismatiques que père Sidney, c'est dire. Devine qui régal le dîner ce soir ?
Une chose est sure : cette fois, ce sera vous les looser. A nous les stéréotypes ! Nous allons vous montrer l'autre facette des voyous, danseurs de cabaret. La vie de vos serviteurs, balayeurs, zonards, pilleurs, gangsters, pimps même. Comment sont vraiment vos dealers, tous ces bandits ou esclaves des ghettos dont vous parlez de loin, que vous vous targuer de représenter avec vos yeux fermés. La mode du Gagsta black est lancée. Dans un monde de scénarios bien réglés, de personnages minutieusement étudiés, de partitions impeccables, d'options et d'actions bien placées, qu'est ce qui fait obstacle ?
Pauvreté, violence, drogue, jeux, prostitution, sexe, ont plusieurs mode de lecture. Dans tous les films de la BlaXploitation, le héros justicier, le vengeur ou le repenti montrent une énergie sans failles pour gagner une reconnaissance légitime au sein de la communauté. Pour la première fois, à partir de cette période, des comédiens noirs sortiront des traditionnels rôles que vous leurs (dé)laissiez…
Parce qu'ils sortent du cadre, des standards montrés. Parce que leur attitude décontractée plait avant de choquer.
Vous avez dit voyou ? Avec de l'humour c'est encore mieux n'est-ce pas. Tout ce baratin, c'est juste pour vous émousser. Nos films n’ont en aucun cas une vision dogmatique, rappelant - par exemple - celle des Black Panther. Ils rendent simplement compte de manière poétique (oui !), de la situation des années 70, aux États-Unis, notre pays. Et tant mieux ! <<<<<<<<<<<<
La musique, je m'en charge. Il n'y aura rien de mieux, mec ! Ce sera celle que vous ne connaissez pas encore. Celle dont vous ne pourrez nous déposéder. La meilleure musique que vous puissiez imaginer, celle qui fait balancer le buste et les mollets qui frissonne et s'érisse sur la peau contaminée.
Chaque personnage aura son Hit. Comme Morricone avec Sergio Leone (en mieux, bien sur !). Super cool, super fly. Par ici, c'est c' qu'on aime. De la Soul music, men. Et si t'arrives pas à suivre le tempo, t'en fait pas : rien n'est congénital, il parait. Vous verrez, un jour vous aimerez.
Parce qu'il y a quelque chose qui lutte, au travers, pour se faire entendre. ENTENDRE c'est bien de ce sentiment que l'image touche. La blaXploitation chante haut et fort l'existence d'une contre culture représentant une nouvelle ère démancipation pour la communauté afro-américaine.
La musique soul de la pellicule noire.
Le film amorce date de 1971. A sa sortie, Sweet Sweetback's Baadasssss Song, tournée par Melvin Van Peebles, fait l’effet d’un coup de tonnerre dans le pays. Le réalisateur réussit à allier langage cinématographique et politique en dirigeant ce long métrage d’un bout à l’autre de la chaîne de production et de diffusion. Ainsi, il se démarque largement des standards cinématographiques de l'époque par sa manière d'orchestrer la publicité de son film. Il utilise une méthode inexistante jusqu'alors : celle de la bande originale. Il a fait appel au groupe de soul-funk Earth, Wind and Fire, encore largement inconnu, et crée ainsi l’alliance parfaite entre la musique et le cinéma noir-américain.
D’un point de vue technique, il utilise des cadrages non conventionnels avec un montage psychédélique hérité des films pornographiques de l’époque (textures multicolores, pellicules surexposées). Le "white citizen council" classera le film X pour le démonter auprès des diffuseurs et du public. Van Peebles en ferra un objet marketing. D'ailleurs, il apparaîtra en bas, à gauche de l'affiche ; c'est le Blanc qui ne veut pas que les afro-américains voient le film. Contre toute attente, le concept fut une énorme réussite commerciale qui ne resta pas longtemps inexploitée par les grandes firmes du cinéma.
La même année sort Shaft, les nuits rouges de Harlem , cette fois ci produit par un grand studio mais toujours réalisé par un noir : Gordon Parks (photographe et journaliste). Shaft sera un succès planétaire grâce en partie à la musique originale d' d'Isaac Hayes (c’est d’ailleurs ce film qui sauvera la MGM de la faillite).
Chaque projet était l'occasion de fournir une bande originale de qualité aussi (si ce n'est pas plus) célèbre que le film. Des voix rondes et des cuivres rassurants. Impeccablement montés. Les rythmiques afros décalées, subtilement mêlées aux guitares qui cocotent ; aux cordes séductrices vibrant glissando. De ce sentimentalisme honnête et pur wha-what en couleur la fièvre des 70's.
Tous les grands musiciens noirs de l'époque ont exercé leurs talents dans cet exercice de style. La liste est longue et non exhaustive : James Brown (Black Caesar), Curtis Mayfield (Superfly, Short eyes), Isaac Hayes (Shaft, Truck Turner, Three tough guys), Johnny Pate (Brothers on the run, Bucktown), Marvin gaye (Trouble man), Norman Whitfield (Car wash), Edwin Starr (Hell up in Harlem), Roy Ayers (Coffy), J.J. Johnson (Cleopatra Jones), Willie Hutch (The Mack), Herbie Hancock (The spook who sat by the door) et Barry White (Together brothers)...
Shaft trailer (1971) par SaleSud
Foxy Brown trailer par SaleSud
Blaxploitation Hommage par Faabwell
Pourquoi JASS ?
Pourquoi JASS ?
Le JAZZ a dans les veines du sang africain, c'est certain - jaja signifie "danser", jasi "être excité"- ; mais peut-être aussi une racine enfouie, d'origine indonésienne -"jaiza" faisant écho aux sons des percussions. En français dirions-nous : "cela va faire jaser", parler ? Le 2 avril 1912, le Los Angeles Time évoque la jazz ball irrécupérable du lanceur Ben Henderson. Dérivé de l'argot, le mot jizz, renvoie à l'énergie, au courage et à la vigueur sexuelle. Le jasz a également l'odeur entêtante du JASMin, des parfumeries françaises de New-Orleans. A moins que l'étymologie du mot ne vienne de JASper, danseur esclave des années 1820, d'une plantation louisianaise ? Ou JASbo Brown, musicien itinérant et joueur de blues avant-gardiste de la fin du XIXe siècle ? Musique interdite, jouée dans les bordels, ce langage d'origine black american établit le lien indivisible entre le corps et l'esprit. Par la perpétuelle énergie de son discours, il puise dans l'Instant la force d'enrichir son long parcours, toujours bien vivant. J-ASS donne la fièvre et guérit ! Essayez-voir.
Le JAZZ a dans les veines du sang africain, c'est certain - jaja signifie "danser", jasi "être excité"- ; mais peut-être aussi une racine enfouie, d'origine indonésienne -"jaiza" faisant écho aux sons des percussions. En français dirions-nous : "cela va faire jaser", parler ? Le 2 avril 1912, le Los Angeles Time évoque la jazz ball irrécupérable du lanceur Ben Henderson. Dérivé de l'argot, le mot jizz, renvoie à l'énergie, au courage et à la vigueur sexuelle. Le jasz a également l'odeur entêtante du JASMin, des parfumeries françaises de New-Orleans. A moins que l'étymologie du mot ne vienne de JASper, danseur esclave des années 1820, d'une plantation louisianaise ? Ou JASbo Brown, musicien itinérant et joueur de blues avant-gardiste de la fin du XIXe siècle ? Musique interdite, jouée dans les bordels, ce langage d'origine black american établit le lien indivisible entre le corps et l'esprit. Par la perpétuelle énergie de son discours, il puise dans l'Instant la force d'enrichir son long parcours, toujours bien vivant. J-ASS donne la fièvre et guérit ! Essayez-voir.
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