Pourquoi JASS ?

Pourquoi JASS ?
Le JAZZ a dans les veines du sang africain, c'est certain - jaja signifie "danser", jasi "être excité"- ; mais peut-
être aussi une racine enfouie, d'origine indonésienne -"jaiza" faisant écho aux sons des percussions. En français dirions-nous : "cela va faire jaser", parler ? Le 2 avril 1912, le Los Angeles Time évoque la jazz ball irrécupérable du lanceur Ben Henderson. Dérivé de l'argot, le mot jizz, renvoie à l'énergie, au courage et à la vigueur sexuelle. Le jasz a également l'odeur entêtante du JASMin, des parfumeries françaises de New-Orleans. A moins que l'étymologie du mot ne vienne de JASper, danseur esclave des années 1820, d'une plantation louisianaise ? Ou JASbo Brown, musicien itinérant et joueur de blues avant-gardiste de la fin du XIXe siècle ? Musique interdite, jouée dans les bordels, ce langage d'origine black american établit le lien indivisible entre le corps et l'esprit. Par la perpétuelle énergie de son discours, il puise dans l'Instant la force d'enrichir son long parcours, toujours bien vivant. J-ASS donne la fièvre et guérit ! Essayez-voir.

lundi 6 juin 2011

L’hexagone en festival, un Paris sur la Défense du Jazz.

C'est désormais une tradition dans le paysage du jazz, une histoire de clubs déplafonnés d'étoiles.
Chaque année, de part et d'autre de l'Atlantique, les programmations des festivals d'étés font des impatients et des curieux. C'est un tour de Gaule, d'une dense diversité, qui dessine la carte des musiques en goguette. Elle est, dans cette configuration, la particularité du jazz en Europe et en France : en plein air.


Oui, ça jasait bien sous les pommiers de Coutance. Pourtant, encore et toujours, l'on aime se balader, dans la pinède de Juan, là où, toujours en suspend, cricket song d'Ella donne le souvenir du ton. Keith Jarrett trio le 16 juillet.

Il y a Sète, l’amphithéâtre, face ciel-face mer, pic planté sur la falaise. Cassandra Wilson ouvre les portes, alors que Lagrene&Luc les fermeront, avec Dédé aux balais. Entre temps, Return to Forever, Joshua Redman et Brad Mehldau gorgeront la pierre érodée de précieux minéraux.

Jazz à Porquerolles
Il y a les puces, des manouches voyageurs qui grattent à St ouens. Il y a Crest l'audacieuse, peinte de bleu, sa vieille tour fusain chante. Le Jazz dans le bocage s'installe en Auvergne. Les tombées de la nuit sont belles en Bretagne. Et puis, retrouvons les Flâneries musicales de Reims, Samois pour notre Django, et les musiques improvisées en Franche-Conté. Charlot ! Si 24 heures de swing à Monségur, je dis qu'en seulement deux, Steffano Bollani incarne Buster Keaton sur un pianoà Porquero.

Montreux de l'autre côté de la rive, 45 années galactiques soutenues sotto vocce, des stars pour certains, des stars pour d'autres.

J'ai gratuitement entendu, sous un panier de pluie, oui, Archie Shepp à Corbeil, son saxo froid et son irradiante musique sans prix. l’Essonne accueille, jusqu'au 27 juin, l'exposition Guy Le Querrec, un des plus talentueux photographe français du jazz. Il y aura Christian Escoudé, Richard Galliano... d'autres talents de choix pour compléter. 

Entre temps, le grand Prince déparque le Stade de France. Je ne pourrais, c'est la règle, n'en parler qu'après le 30 juin. Un Paris qui fait du bien.

Dans la fin juillet, la bousole sud-ouest, au Midi-Pyrénée, est bloquée sur Marciac. L'an passé, maestro Chucho Valdès m'avait enfiévré de douceur. S'y arrêterons cette année John Scofield, Joshua Redman, Yun Su Nah, Enrico Rava, l'habitué Wynton Marsalis et, le même soir : l'ancien Ahmad et le jeune Tigran...

J'en oublie. Je n'ai plus d'encre.

JAZZMAG-MAN a choisi JAZZ A VIENNE FESTIVAL. Son complément de l'été, rend à l'éternel Miles, l'hommage éclectique du jazz décomplexé. "Le Roi de l'Arêne" surplombe le Rhône. Dans ses représentations, il souffle le Blues. Vienne radieuse. Ton couché de soleil Vienne, ça va chauffer. On m'a largement ratissé. Quel temps il fera ? Ombrella ou pas ? "Rassembler sans Exclure" est la formule 31 du menu viennois.



La carte (de la France) et le territoire (du jazz). Quelle belle identité géographique, qu'un public fleurisse - crescendo - d'une éclosion mélodique.
Au final, un peu plus chaque année, le succès appel la surenchère. Le sédentaire sélectionne les programmations de la région, l'aventurier détourne le regard pour se laisser guider par les sons. La musique devient, à ciel ouvert, union.

Des régions qui – au demeurant – n'entrevoient que des visiteurs pressés, deviennent, lors de quinzaines ensoleillées, les lieux de rendez-vous des amateurs de zizique(s).

Cette année, je serais peut-être des sédentaires. J'aime le petit Paris et ses grandes Banlieues bleues. Il y a de quoi faire. J'irais certainement du côté de la Défense. Redescendre, doucement sur l'hexagone et continuer à m’apaiser dans les rares couloirs verticaux, avant de pouvoir, enfin, m'enrouler d'un chant d'horizon.


JAZZ A LA DÉFENSE - 18 au 26 juin

Photo : Niels Stoltenberg

Je ne me rends pas assez à la Défense. Attaquons l'immobilité. Pour mon retour, c'est l'excuse et le chien réunis. Chaque mois de juin, depuis trente quatre ans, le département des Hauts de Scène organise, sur la traditionnelle esplanade centrale, une pléiade de concerts gratuits, du soir et désormais du midi.

Ce quartier est spécial. Le dimanche, il n'y a personne, le soir pareil, c'est calme. Tout est arrêté, figé dans les glaces célestes. Il y a toutes les formes. Il faut pénétrer dans la jungle de verre, chevaucher les cascades et les lacs, sauter d'électriques moutons, s'exiler dans le futur. C'est juste après la grande pelouse au carré, celle verte pomme acidulée, à l'aube du précipice de béton, à l'ombre des constructions Mécano pour grands.

Dans cette clairière urbaine – seule véritable folie architecturale du Paris Musée (Jean Nouvel... c'est vrai !) – je me délecte d'une programmation chaque année plus alléchante. Gratuit, c'est bien aussi.

Photo : Niels Stoltenborg

MANU KATCHE, maître de cérémonie cette année, ouvrira le festival avec une soirée "carte blanche". Pour cette occasion, SLY JOHNSON et FINLEY QUAYE seront les invités d'honneurs de l'ancien batteur de Peter Gabriel. Son troisième round n'avait pas mis K.O. On attend sagement la claque.

"Très très fort !!!", le STAFF BENDA BILILI m'avais ému – et fait rire – avec son film-reportage, présenté à la quinzaine de Cannes, l'an dernier. Vivant dans les rues de Kinshasa, le groupe de chanteurs-guitaristes paraplégiques, circule un message universel, plein d'espoir, qu'il pilote en s'aidant d'incroyables véhicules customisés. Rien d'un mélodrame. Juste la beauté des beat afros, entraînés par la poésie d'une bande d'estropiés ; la magie d'une kora faîte d'une ficelle et d'une boite de conserve. Des culs de jattes nous apprennent à danser. Il seront tous présents le 20 juin.

Puis, se succéderont le jeudi 23, à partir de 12 heures, deux jeunes avant-gardistes du jazz contemporain : le trompettiste new yorkais AMBROSE AKINMUSIRE présentera son nouvel album When the heart emerges glistenning. Puis, le guitariste MANU CODJIA, coloriste passionnant et grand improvisateur, mêlera ses sonorités electros avec ses mélodies enjazzées. Pour les connaître, les deux, il ne faut pas les rater.

Nouveauté de la saison 2011 : un spécial événement fête de la musique, le soir du 21 juin à partir de 18h avec Hindi Zahra – prix Constantin et Victoire de la Musique – précédée de la voix de diva de Patricia Bonner.

Le samedi 25 juin, EMIR KUSTURICA et son No smoking Orchestra éveillera le jazz des antipodes : du punk de l'Est, un big band arrosé de voldka.

KEZIAH JONES apportera son légendaire slap bluesy sur sa guitare nigérienne, en solo. Ensuite, le bassiste de James Brown au dred locks et lunettes étoilées, le grand déjeanté de la funk music, GEORGES CLINTON et le Parliement Funkadelic se produira le dimanche 26 juin.

Dans ce prochain festival, se retrouveront légendes et nouveaux venants des musiques libres. Ils joueront dans ce cadre futuriste. Pas besoin de lunette 3D. Gratuit pour tous. L'annonce de l'été.


Photo : Niels Stoltenberg

Programme.


lundi 20 juin : Staff Benda Bilili (Congo) - rumba
> mardi 21 juin : Ebo Taylor (Ghana) - afro beat / Dennis Coffey (USA) - funk
> mercredi 22 juin : Grand Pianoramax (Suisse/USA) - groove hip hop / Blitz The Ambassador (Gwana) - hip hop jazz
> jeudi 23 juin : Manu Codjia (France) - jazz / Ambrose Akinmusire (USA) - jazz
> vendredi 24 juin : Sébastien LLado Quartet (France) jazz / Dead Jazz (France) – jazz


4 soirées exceptionnelles


> samedi 18 juin : (20h) Carte blanche à MANU KATCHE (France) - jazz groove avec entre autres Sly Johnson et Finley Quaye 
mardi 21 juin : (18h) Fête de la Musique avec Patricia Bonner (France) - jazz
HINDI ZAHRA (Maroc) - soul folk
> samedi 25 juin : (20h) Clinton Fearon solo (Jamaïque) - reggae et EMIR KUSTURICA & THE NO SMOKING ORCHESTRA (Serbie) - folk rock
> dimanche 26 juin : (20h) KEZIAH JONES solo acoustic (Nigéria) - afro funk etGEORGE CLINTON & PARLIAMENT FUNKADELIC (USA) – funk

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