Pourquoi JASS ?

Pourquoi JASS ?
Le JAZZ a dans les veines du sang africain, c'est certain - jaja signifie "danser", jasi "être excité"- ; mais peut-
être aussi une racine enfouie, d'origine indonésienne -"jaiza" faisant écho aux sons des percussions. En français dirions-nous : "cela va faire jaser", parler ? Le 2 avril 1912, le Los Angeles Time évoque la jazz ball irrécupérable du lanceur Ben Henderson. Dérivé de l'argot, le mot jizz, renvoie à l'énergie, au courage et à la vigueur sexuelle. Le jasz a également l'odeur entêtante du JASMin, des parfumeries françaises de New-Orleans. A moins que l'étymologie du mot ne vienne de JASper, danseur esclave des années 1820, d'une plantation louisianaise ? Ou JASbo Brown, musicien itinérant et joueur de blues avant-gardiste de la fin du XIXe siècle ? Musique interdite, jouée dans les bordels, ce langage d'origine black american établit le lien indivisible entre le corps et l'esprit. Par la perpétuelle énergie de son discours, il puise dans l'Instant la force d'enrichir son long parcours, toujours bien vivant. J-ASS donne la fièvre et guérit ! Essayez-voir.

vendredi 25 février 2011

THE AYNSLEY DUNBAR RETALIATION -
« La Revanche » du blues anglais. Trois disques et un inédit !







« Aysley Dunbar Retaliation »(1968) - Opus 1.

A la sortie du premier album de Aynsley Dunbar Retaliation, son leader a déjà derrière lui quelques grandes heures de musique dans les baguettes. Après avoir joué dans des combos de Jazz et de Rock locaux à Liverpool, Dunbar a tenté sa chance à Londres et joué avec Alexis Korner avant d’être recruté par John Mayall. Il participera ainsi à l’enregistrement de l’un des albums légendaires du British Blues : A Hard Road (1967) avec Peter Green et John McVie.

N’ayant pas pu devenir le batteur de Hendrix, qui choisit au dernier moment Mitch Michell à ses dépends, Dunbar décide, en 1967, de créer son propre groupe qu’il baptise The Retaliation (« La Revanche »), en clin d’œil à John Mayall qui l’avait évincé des Bluesbreakers après avoir jugé son jeu « trop personnel ». Et ce premier album éponyme d’Aylsey Dunbar Retaliation l’est effectivement, personnel… Il est à la fois typiquement dans la veine du blues anglais de l’époque (à l’instar de son grand concurrent de l’époque Chicken Shack) mais également d’une inspiration décalée. Les influences sont nombreuses mais toujours dans l’unité.

Il suffit d’écouter les premières mesures de l’étonnant « Aynsley Dunbar Retaliation » pour comprendre qu’il s’agit d’un disque de blues hors du commun. Aux confins de la musique afro-américaine et du jazz new Orléans, cet « hymne », inspiré par une antique chanson de travail des prisons sudistes, surprend par son ton léger et sa mélodie sifflée. On entend les cailloux se briser sur le blues des bagnards. Pourtant Watch ‘n’ Chain n’est qu’un prologue annonçant la richesse minimaliste d’une formation enfiévrée par le génie de son leader. Le jeu de Dunbar est libre, jazzy, pêchu, d’une finesse et d’une richesse rare. L’écoute de son solo sur le dernier morceau Mutiny révèle l’art créatif et décalé de ce batteur aux influences diverses.
L’atmosphère créée par Aynsley Dunbar permettra ainsi de libérer le meilleur de sa formation : un cornet éclate et ressuscite le jazz New-Orléans de Louis Armstrong… Le chanteur Victor Brox déploie finement tout son talent de trompettiste, de guitariste et d’organiste. La rondeur et la fluidité du jeu de guitare de John Moorshead (rappelant d’ailleurs celle de Peter Green qu’il avait remplacé au sein des Shotgun Express) vient caresser la surprenante expressivité et la profondeur de chant de Brox, lui aussi vétéran de la scène du Blues britannique.
Quant à la rythmique d’Alex Dmochowski, à la basse, elle confère à ces Blues délicats et inspirés un balancement irrésistible. On jugera du talent de cet homme en écoutant le swing claquant de Sage Of Sydney Street subtilement porté par le tintement des balais. On peut penser au jeu de Steve Thompson dans le fameux The Turning Point, de Mayall, sortit l’année d’après.

L’étonnante pochette – réalisée par le studio Hypgnosis – est à l’image de cet album : La révélation de l’imaginaire. Si l’idée initiale était de prendre une photo du groupe et de son reflet dans un lac, le vent inattendu ridant la surface de l’eau et le résultat du montage s’avérèrent finalement être à l’origine d’un trompe l’œil préfigurant les futures productions du plus célèbre designer de la culture Rock…

Tantôt dépouillée et psyché, tantôt ronde et chaude, l’émotion qui émane de ce disque est une nouvelle découverte à chaque écoute…du Grand blues ! Le premier opus de ce groupe éphémère est une belle introduction au merveilleux Doctor Dunbar’s Prescription qui suivra l’année suivante.






A noter : il existerait également des bandes inédites d’un concert donné en 1967 au Blue Horizon Club et dont la rumeur prétend qu’elles pourraient bien être éditées prochainement.


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