Pourquoi JASS ?

Pourquoi JASS ?
Le JAZZ a dans les veines du sang africain, c'est certain - jaja signifie "danser", jasi "être excité"- ; mais peut-
être aussi une racine enfouie, d'origine indonésienne -"jaiza" faisant écho aux sons des percussions. En français dirions-nous : "cela va faire jaser", parler ? Le 2 avril 1912, le Los Angeles Time évoque la jazz ball irrécupérable du lanceur Ben Henderson. Dérivé de l'argot, le mot jizz, renvoie à l'énergie, au courage et à la vigueur sexuelle. Le jasz a également l'odeur entêtante du JASMin, des parfumeries françaises de New-Orleans. A moins que l'étymologie du mot ne vienne de JASper, danseur esclave des années 1820, d'une plantation louisianaise ? Ou JASbo Brown, musicien itinérant et joueur de blues avant-gardiste de la fin du XIXe siècle ? Musique interdite, jouée dans les bordels, ce langage d'origine black american établit le lien indivisible entre le corps et l'esprit. Par la perpétuelle énergie de son discours, il puise dans l'Instant la force d'enrichir son long parcours, toujours bien vivant. J-ASS donne la fièvre et guérit ! Essayez-voir.

samedi 5 mars 2011

JAZZMIX IN NYC !

Dans quelle mesure le jazz est-il image ? Où se situe le point de friction entre le visuel et le sonore faisant qu’aucun des deux ne puisse s’effacer à l’autre, mais plutôt se nourrir mutuellement d’énergies contraires ? Si le musicien ferme les yeux en jouant, est-il aussi intensément dans l’espace ?

Fraîchement sorti de l’Entrepôt du XIVe, je traverse Paris les yeux remplis de musique. Des bruits plus forts et percutants qu’à l’aller : sirènes, marteaux, giro. Des bruits… non des sons, nouveaux. Dans le métro, bouche Pernety, j’observe les grands bacs à journaux gratuits. A NOUS PARIS – en dessous.
UNE JOURNEE NEW-YORKAISE, à Paris – dessous encore. I LOVE NY, PLACES TO BE. Où suis-je ? L’esprit encore tout étourdi par le film, je grimpe dans le métro et révise, en swinguant. Gaîté. Montparnasse Bienvenüe. Bonne Nouvelle. République. Voltaire.

Ce documentaire arrive à point. Juste pour moi visiblement. J’étais seul ce soir dans la salle 1 de l’Entrepôt (avec ma compagne soit !).
Foisonnantes expériences, belles audaces. La nouvelle scène musicale new-yorkaise est sacrément culottée.


En même temps qu'un film sur le jazz, JAZZMIX est aussi un film sur New York. Indissociables camarades, éternels amants, les jeunes musiciens ont trouvé leur propre langage pour la bande sonore du new New York. Comme se transmettent les contes africains, les jeunes ont écouté, longtemps récité, avant de pouvoir à leur tour transmettre la recette aux générations nouvelles. Un hommage à la ville qui a vu naître cette musique, l’a initiée et sublimée. Un hommage au présent et à sa riche diversité. Comme un style de vie. JAZZMIX. Une appellation courte, un mélange de mélange. A l’image de cette ville, un renouvellement perpétuel. Une sorte de mesclun que l’on remue vigoureusement dans un grand saladier en Zinc pour qu’il ne cuise pas vinaigre.
Tissés d’électriques pulsations, nous nous délectons du luxe de pouvoir assister, dans une même soirée, à huit concerts différents, dans huit clubs, tout aussi différents. De grandes formations dans de petits clubs. Un Poisson Rouge dans l’océan…

Sans chassés-croisés, la caméra pose son regard sur un morceau, puis s’évapore et passe le flambeau à une autre branche de l’avant-garde new-yorkaise. Le film est monté comme une promenade. La musique est filmée avec les oreilles. L’image et ses bruits. Pas de dialogues. Le trafic des cabs jaunis d’acid-blues. Les vas et viens du métro qui ne dort pas. La pluie claquetant sur une bouche – d’égout celle-là. Les pas d’un clochard traînant sur les trottoirs du Square money Time.

JAZZMIX commence et finit sur le ZINC, dans Greenwich Village, avec l’étonnant Big-Band de Jason Lindner. Un solo de clarinette décape les racines yiddish d’un bois d’if outre-atlantique. Baba Israël vient poser son flow rapide et précis. Changement d’ambiance, The Drom accueil la percussionniste electro haïtienne Val Inc, accompagnée ce soir de Marcin Sewell et de Jowee Omicil.

J’attendais avec impatience la prestation d’Ambrose Akinmusire, ayant sorti la même année son Prelude, premier disque solo de grande envergure. Accompagné par Walter Smith III au sax tenor et par la batterie enflammée de Justin Brown, le Jazz Standard s’abandonne, le temps d'un morceau épique, aux sonorités planantes d'un spectre coltranien.

Harlem et son Hip Hop Cultural Center ouvre ses portes à la formation réduite du batteur Chris Dave, accueillant ce jour un piano électrique, une basse et deux rappeurs.
Puis, c’est Jaleel Shaw qui enflamme le Jazz Gallery d’Hudson Street, au côté du pianiste prolixe Aaron Golberg. Theo Bleckmann & Kneebody, drôle d'ambiance at Joe’s Pub. Fieldwork dans le bocal du Poisson Rouge suit la danse.
Le film s’achève sur la fabuleuse prestation du saxophoniste ténor Abraham Burton qui, dans un périlleux exercice de style, s’essaie à un type de formation inattendu : un soliste, deux batteries. Pour colorer son étonnante maturité mélodique, Nasheet Waits et Eric McPherson se renvoient la balle et accentuent les brisures de tempo, sauce salsa, pour progressivement enflammer la Knitting Factory de Brooklyn.

Le documentaire raconte ces artistes à travers leur musique et leur musique à travers New-York. Métissée. Profondément urbaine. Point commun de tout. Le rythme. L’énergie. L’image.

Tous ces concerts ont été filmé il y a déjà deux ans et demi. Du 18 au 25 novembre 2008. Que sont devenus ces artistes inspirés ? Quels sont les nouveaux visages à écouter ?

Dans quelques jours, je pars à mon tour dans l’antre du jazz, au cœur de la musique urbaine d’une grosse pomme plus que jamais rougeoyante de plaisirs...

We keep in touch !

Loïs Ognar.


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