Pourquoi JASS ?

Pourquoi JASS ?
Le JAZZ a dans les veines du sang africain, c'est certain - jaja signifie "danser", jasi "être excité"- ; mais peut-
être aussi une racine enfouie, d'origine indonésienne -"jaiza" faisant écho aux sons des percussions. En français dirions-nous : "cela va faire jaser", parler ? Le 2 avril 1912, le Los Angeles Time évoque la jazz ball irrécupérable du lanceur Ben Henderson. Dérivé de l'argot, le mot jizz, renvoie à l'énergie, au courage et à la vigueur sexuelle. Le jasz a également l'odeur entêtante du JASMin, des parfumeries françaises de New-Orleans. A moins que l'étymologie du mot ne vienne de JASper, danseur esclave des années 1820, d'une plantation louisianaise ? Ou JASbo Brown, musicien itinérant et joueur de blues avant-gardiste de la fin du XIXe siècle ? Musique interdite, jouée dans les bordels, ce langage d'origine black american établit le lien indivisible entre le corps et l'esprit. Par la perpétuelle énergie de son discours, il puise dans l'Instant la force d'enrichir son long parcours, toujours bien vivant. J-ASS donne la fièvre et guérit ! Essayez-voir.

mardi 19 avril 2011

HARLEM STORY – part. 6 L'âme de l'APOLLO.

LE TEMPLE DE LA BLACK MUSIC


L'Apollo Theater, en collaboration avec le Museum of the City of New York, présente AIN'T NOTHING LIKE THE REAL THING : HOW THE APOLLO THEATER SHAPED AMERICAN ENTERTAINMENT ("Rien ne vaut l'original : comment le théâtre Apollo a influencé le monde du spectacle") .
 Ayant débutée à Washington D.C, au Musée d'histoire américaine de la Smithsonian Institution, l'exposition se tient aujourd'hui à NYC. Il ne vous reste que quelques semaines pour savourer l'émouvant hommage.

L'exposition évoque le rôle historique qu’a joué, et que joue encore, le célèbre théâtre dans la pop culture américaine. Et oui, le panthéon new-yorkais de la musique noire fête ses 75 ans. Costumes de scène, affiches, accessoires divers et pochettes d'albums...c'est ça ! L'histoire de l'Apollo est simplement l'histoire de la musique noire américaine au XXe siècle.



Cette salle mythique, ouverte sur les ruines d'un Théatre burlesque de la 125e rue, devint, en l'espace de quelques années, l'identité matérielle d'un quartier, d'une culture. Ancienne salle de bal, au début réservée à un public blanc, ce théâtre constitua le haut lieu du jazz, puis de la soul music et du rhythm n'blues. Aujourd'hui, momument historique, l'Apollo et ses 1,5 millions de spectateurs par an est encore un lieu de pèlerinage pour tout amateur de musique black.


Avant-gardiste dans son fonctionnement, la salle de l'Apollo est remise au goût du jour en 1928, par Bill Minsky, dans un contexte historique délicat. Le jeudi noir correspond, curieusement, à la fin de la prohibition dans le pays. Le quartier nord de Manhattan, composé exclusivement de minorités ethniques, développait, en marge d'un contexte économique douloureux, une énergie nouvelle, son histoire parallèle.

 On parle de " Harlem Renaissance".

Pour la première fois en Amérique, les gens de couleurs étaient acceptés dans la salle, non plus en tant qu'artistes ou travailleurs, mais bien en tant que spectateurs. En 1934, Brecher & Schiffman font le paris fou d’accueillir dans cette grande salle de 1750 places, toute personne sensible aux sonorités jazz, swing, sans aucune distinction.
La reine du blues Bessie Smith ouvre le bal. Dès lors, la musique noire américaine y fut accueillit avec un succès immédiat qui jamais ne s’essoufflerait.


De la grande époque du swing, des Big Bands et des claquettes, l'exposition, qui montre de multiples extraits filmés, retient le bâton de Cab Calloway ou les belles chaussures cirées de Samy Davis Jr. enfant.



L’exposition présente également des conférences intitulées “Apollo Legends”. Des rendez-vous particuliers, des souvenirs d'une époque, d'une musique, d'un lieu où il fallait être. L’actrice-chanteuse Leslie Uggams ou encore la légendaire chanteuse Dionne Warwick se prêtèrent volontiers au jeu.



Dans ce cadre là, il y a quelques semaines, MAURICE HINES venait évoquer la grande époque de l'Apollo. Une belle rétrospective des stars ayant fait raisonner les planches du théâtre de la 125.
Mister Hines rappelle que les claquettes ont vu le jour dans le quartier de Five Points, à New York, dans les années 1830 ; que cet art est à l'origine une fusion des syncopes de la musique et de la danse africaine (african Shuffle) et des pas de danses folkloriques européennes (bourrées et gigues).


Maurice Hines, avril 2011.
L'apparition du jazz dans les années 1920 les mirent au premier plan, car le rythme de celui-ci s'adaptait naturellement à la danse à claquettes.
À partir des années 1930, le tap-dance fit son apparition au cinéma et à la télévision. Chaussures de fer aux pieds, Maurice parle en dansant.
 Il évoque la mémoire de son frère Gregory Hines, de Howard Sims, des Nicholas Brothers ; celle de Sammy Davis Jr. - son idole -, Gene Kelly, Fred Astaire évidemment, Ginger Rogers et Roland Dupree également. L'humour bien assis, les guibolles de Maurice ont toujours autant la bougeotte. Une conférence qui avait du rythme.


L'INTARISSABLE NUIT DES AMATEURS.


L'Apollo, aujourd'hui.


Le Théâtre Apollo, « là où les rêves se réalisent et où les légendes peuvent naitre », devient un tremplin pour la célébrité. La "Nuit des amateurs" reste d'actualité et se déroule toujours le mercredi soir. Une fois par semaine, de jeunes talents inconnus grimpent sur scène et tentent leur chance, devant un public pas toujours indulgent. Cette prestation fit l'originalité du lieu. Selon la patronne actuelle de la salle, Jonelle Procope : « l’Apollo a fait éclore des générations d’artistes et a été une source de divertissement et d’inspiration pour des millions de gens ». C'est incontestable !







Ella Fizgerald, Louis Armstrong ou Count Basie s'y produisirent régulièrement et des légendes comme Billie Holiday ou Sarah Vaughan y firent leurs débuts, à la faveur des célèbres "amateur nights".
C'est ainsi qu'un certain James Brown foula ses premières planches. En 1968, il enregistre un album légendaire : Live at the Apollo, succès immédiat qui propulsa sa carrière et demeure, aujourd'hui encore, une référence historique de la soul music.

 En 1969, Michael Jackson – âgé alors de 10ans – et ses frères, les Jackson Five font leurs premiers pas sur scène grâce à ce concours organisé tous les mercredis soirs. C'est aussi à l'Apollo que les fans de Michael vinrent rendre un dernier hommage au roi défunt, le 25 juin 2009.


Egalement parmi les artistes en herbe qui débutèrent sur la scène de l'Apollo, une toute jeune fille de 13 ans qui fit carrière quelques années plus tard, au sein d'un groupe nommé les Fugees... Lauryn Hill.


L’Apollo Theater fut racheté en 1981 par Percy Sutton. L’émission ShowTime at the Apollo le rendit célèbre en 1987 en reprenant le principe de la nuit des amateurs, un moment suspendue. La salle est actuellement sous la direction de la fondation de l’Apollo Theater, une association créée en 1992. Elle est classée sur la liste nationale des sites historiques.








En 1964, le tout jeune JIMI HENDRIX faisait ses débuts, lui aussi. Il ne jouait alors que du bon blues bien rétro...


En 1979, deux années avant sa mort, BOB MARLEY y joue à guichets fermés sept soirs d'affilés.




The Temptations - 1963
On peut aussi découvrir, au cheminement de l'exposition, les fiches secrètes du manager de l'établissement sur quarante années. D'origine autrichienne, Frank Schiffman, passionné de musique black nota le nom de chaque groupe qu'il engageait, leurs rémunérations et ce qu'il en pensait, dans des petits calepins aujourd'hui accessibles. De Tina et Ike Turner, sur scène en 1965, pour 5.500 dollars, il écrit: "Tina bouge comme l'éclair. Excellent! ". On peut feuilleter les mini-dépliants annonçant les spectacles, comme celui de Joséphine Baker en 1957, "qui monopolise deux loges pour entasser ses costumes".

Une robe portée sur scène par Ella Fitzgerald, une trompette de Louis Armstrong, la cape et le costume de scène de James Brown - avec le message "Sex" brodé en brillants sur les abdominaux- témoignent de la richesse de cette scène mythique du music-hall.
Une rare espèce de bugle ("Flugelhorn"), appartenant à Miles Davis, y est "pour la première fois montré au public". "Même l'exposition de la Cité de la Musique à Paris sur Miles Davis ne l'avait pas", jubile Mme Fleming. La légende dit que l'ombrageux et célèbre jazzman, réputé pour jouer volontiers de dos au public, "a toujours joué de face à l'Apollo", ajoute-t-elle.


Débuts de Stevie Wonder.



Apollo 1968



Derniers pas sur scene de M.J - Apollo 2002.

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