Pourquoi JASS ?

Pourquoi JASS ?
Le JAZZ a dans les veines du sang africain, c'est certain - jaja signifie "danser", jasi "être excité"- ; mais peut-
être aussi une racine enfouie, d'origine indonésienne -"jaiza" faisant écho aux sons des percussions. En français dirions-nous : "cela va faire jaser", parler ? Le 2 avril 1912, le Los Angeles Time évoque la jazz ball irrécupérable du lanceur Ben Henderson. Dérivé de l'argot, le mot jizz, renvoie à l'énergie, au courage et à la vigueur sexuelle. Le jasz a également l'odeur entêtante du JASMin, des parfumeries françaises de New-Orleans. A moins que l'étymologie du mot ne vienne de JASper, danseur esclave des années 1820, d'une plantation louisianaise ? Ou JASbo Brown, musicien itinérant et joueur de blues avant-gardiste de la fin du XIXe siècle ? Musique interdite, jouée dans les bordels, ce langage d'origine black american établit le lien indivisible entre le corps et l'esprit. Par la perpétuelle énergie de son discours, il puise dans l'Instant la force d'enrichir son long parcours, toujours bien vivant. J-ASS donne la fièvre et guérit ! Essayez-voir.

jeudi 21 avril 2011

GRATEFUL DEAD MOVIE, au cinema !

Retour vers le futur... L'hommage aux Deadheads.


Le compte à rebours s'est égrainé sur les forums, les mirettes ont pu digérer le festin de la veille. Les typans encore explosées par le "Mur du Son", notre mémoire essaye de capturer la magie dissipée d'une expérience artistique hors du commun. On l'avait déjà vu, mais avec les copains c'est toujours mieux...

Mercredi 20 avril au soir, ce sont réunis les membres d'une communauté discrète mais bien vivante. Chez nous, en France, ça ne représente pas grand chose. Ici, aux States, c'est institutionnel : tous le monde connaît.

Fathom et Rhino entertainment présentent "the Grateful Dead Movie" dans plus de 800 salles des Etats-Unis. Cet événement spécial vient célébrer la mémoire d'un groupe californien légendaire, adulé à travers tout le pays.
Le film du Dead n'avait pas été distribué dans les salles depuis sa sortie, en 1977. Plus de 35 ans après, une version restaurée vient chatouiller les écrans de cinéma et faire vibrer les membranes des enceintes hautes définitions. Pour le plus grand plaisir des aficionados, toujours en deuil depuis la disparition de l’icône Jerry Garcia, le 9 aout 1995, trois heures et demie de Grateful Dead... à New York. Le rendez vous est pris.

Le film fut, en réalité, tourné en 1974, au WINTERLAND ARENA de San Francisco, salle programmée par le papa de la musique à Frisco, le célèbre Bill Graham (jetez un oeil sur son site, des centaines de concerts inédits enregistrés sur les tables sont disponibles gratuitement http://www.wolfgangsvault.com). 1974 est une année virage dans l'histoire du groupe. De nouvelles technologies sonores servent l'étonnant album Mars Hotel. Mickey Hart retrouve sa place aux drums dans le band et apporte son énergique fougue, complémentaire à la finesse de Bill Kreuzmann le jazzmen. L'année 1975 est considérée comme l'année sabbatique du groupe qui, en 1976 revient au sommet de son art avec une pléiades d'enregistrements live considérées aujourd'hui comme cultes.

Pour ceux qui ne connaissent pas le Grateful Dead, ou qui en ont entendu parler de loin, il va falloir prendre votre temps. Il y a, tout d'abord, la ville de San Francisco en trame de fond, son summer of love, la maison communautaire, au 710 d'Ashbury Street – juste à côté de celles des copains, du Jeferson Airplane, de Janis Joplin, de Dan Hicks, Stoneground, ou de David Crosby.

On ne peut comprendre le Dead qu'au regard de l'ensemble de son existence. Trois décennies (1965-1995), trois sons, trois époques. Des live enflammés, des concerts épiques aux allures de marathons, pouvant s'étendre sur plus de 5 heures sans interruptions. Le Dead ça se savoure véritablement en concert, les albums studios n'étant – pour la plupart – qu'anecdotiques (Workingsman's dead et Terrapin Station mis à part). On compte pas moins de 130 enregistrements officiels du groupe. Sachez qu'il sort régulièrement de nouveaux disques live du Dead aux Etats Unis. L'ingénieur du son Dick Latvala ressortit de ses tiroirs, des années durant, les bandes des concerts prisent directement sur les tables de mixages, pour former sa collection pirate, les célèbres Dick's Picks. Étant donné que l'improvisation et la spontanéités sont au cœur des performances, pas un concert ne se ressemble. Chaque disque est une découverte.


Dans la salle de cinéma bondée, les vieux de la vieille avec leurs tee-shirt skeleton et leurs tatoos commencent à se chauffer la voix. On entend crier DARK STAR !!!
Je ne me rappelle pas la dernière séance de cinéma où il n'y avait ni pubs ni bandes annonces. En guise de spots, des photos du groupes, prêtées par les DEADHEADS, défilent. Faire circuler l'imaginaire, transmettre aux générations d'après, retrouver la nostalgie d'une certaine innocence ; on se sentait bien dans cette grande salle noire. La même petite boule au ventre qu'avant de commencer un concert.

Peu de choses diffères entre la nouvelle version remastérisée et l'ancien film que nous connaissions - tous - parfaitement. Une interview de 20 minutes, complètement inédite, de Jerry Garcia ouvre le show. On ressent dans l'entretien enfumé toute la modestie du personnage, son ouverture d'esprit. "Je voudrais payer pour jouer. I don't understand entertainment" diras t'il. C'est bien vrai, le showbiz, c'était pas son truc. Un tee-shirt noir, une paire de lunette, deux guitares et c'est tout. Dans ses mots, nous ressentons son propre feeling, comme dans son jeu, on ne peut le confondre. "My music try to flowing". Tellement humble et sensible ce Nounours. Il n'avait pas besoin de se dandinner dans tous les sens pour transmettre l'émotion. Puis, nous enchaînons sur une belle rencontre avec Bob Weir, encore tout jeunot, dans un ranch de Californie. Ces deux entretiens nous tinrent en haleine avant que le spectacle ne commence.

Un cartoon psychédélique, réalisé par Gary Gutierrez, ouvre le bal. THE WHEEL tourne nos tête. Sur une Harley, Uncle Sam skeleton trace sa route musicale sans obstacles, la music à fond la caisse, il met les voiles. Un kaléidoscope coloré évolue au grès du son.

Parmi l'ensemble de la performance, il est à noter l'exceptionnelle version d'EYE OF THE WORLD, développée sur plus d'une demie heure de jeu (vous pouvez la retrouver en disque dans le coffret So many Roads). Les musiciens jouent devant un "mur du son" monumental (assemblages de 641 haut-parleurs rangés sur plus de 15m de hauteur). MORNING DEW met les poils au garde à vous, PLAYING IN THE BAND part en jam et fout la gniak.
Quand STELLA BLUE débute, la salle se met à fredonner en cœur la ballade stellaire et plonge dans la toile comme Woody dans La Rose Pourpre Du Caire. Le spectateur se revoit jeune, au même concert. Il en rit de cette folle innocence perdue. Tous, nous retrouvions une ambiance que nous venions de quitter ou que nous aurions aimé connaître.

Plus encore qu'un film sur le Dead, ce rockumentaire est un véritable hommage à la famille du Dead, les Deaheads. Tous le monde est présenté : les techniciens, les roadies, les vieux fans, les vendeurs de hot-dogs, les femmes enceintes, les cracheurs de feu, les danseuses, les jongleurs, les cow boy en 'tiags, Bill Graham en chapeau haut de forme, les flics, les amis en coulisse, les apprentis journalistes, Janis Joplin, les minots qui ont fait le murs, les chevelus, les poètes... THE GRATEFUL DEAD CREW.

Un DEADHEAD n'est pas un fan comme les autres. Ce n'est pas une groupie, c'est le groupe.

Un DEADHEAD danse sur la musique en fumant. Il fait des figures volutes avec ses mains et tortille son corps en suivant les notes. Les enfants DEADHEAD dansent aussi, ne fument pas encore.

Ce ne sont pas des hippies, ce ne sont pas des babas, ce sont des DEADHEADS. Ils n'écoutent QUE du Dead (c'est comme cela !)... parfois ils écoutent New Riders of The Purple Sage, Brewer & Shipley, Jack Traylor ou Merl Saunders ; un peu de bluegrass Seldom Scene ; la famille quoi. Une chose est sure, un DEADHEAD préférera largement le toucher délicat de Jerry G. à la flamboyance du jeu d'Hendrix ou à la technicité de Manitas de Plata.

Il manque deux phalanges au majeur de la main droite de Jerry G. Les DEADHEADS aiment faire le rapprochement avec Django R. dans la façon où les deux hommes ont dû compenser leur handicap pour finalement obtenir un son infalsifiable.

Un DEADHEAD peut savoir quel morceau va venir 20 minutes avant qu'il ne commence.

Quand un DEADHEAD prend une place pour un concert du Dead, un acide lui est offert avec le ticket en remerciement.

Un DEADHEAD aime le jazz – parce que Jerry aime – mais il n'en écoute pas.

La mort est joyeuse pour les DEADHEADS, ils en sont reconnaissant.

Un DEADHEAD peut poser des questions telles que : "tu l'as le 2e set de Cornell 1977 ?". "Tiens le Dick's Pick numéro 11 fait partie des grands soirs. Tu veux découvrir une nouvelle version de Wharf Rat ?"

Tony Blair, Jospeh Campbell, Owen Chamberlain, Allen Ginsberg, Patrice Bertolle ou Bill Clinton sont des amis DEADHEADS.

Tous les DEADHEADS restent jeunes et portent des converses.

Un DEADHEAD aime la littérature Beat.

Oui, un DEADHEAD est fatiguant pour quelqu'un qui ne connait pas le DEAD. Mais un DEADHEAD dira toujours : "je ne connais pas encore le DEAD".

Laurent.St.Dubois. est un DEADHEAD.

Un DEADHEAD existe en tant que DEADHEADS depuis 1971 ; il était écrit sur la couverture de l'album Skull and Roses :

"DEAD FREAKS UNITE : Who are you ? Where are you ? How are you ?
Send us your name and address and we'll keep you informed.
Dead Heads, P.O. Box 1065, San Raphael, CA 94901.


On estime que le premier mois, le groupe aurait reçu 350 lettres et qu'il en reçoit encore aujourd'hui autant. Eileen Law, proche du groupe, a été responsable de l'édition du bulletin Dead Heads. Après 1980, l'almanach l'a remplacé.

Bien plus qu'un simple concert filmé, le Grateful Dead Movie est une expérience. "There is nothing like a Grateful Dead concert" (Bill Graham). Longue vie aux DEADHEADS....





Pour prolonger :

DVD Live Winterland Happy New Year

Un groupe de copains qui jouent du DEAD – avec Barry Melton en invité : DEADICACE.
http://www.ridethewind.org/deadicace.htm

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